VOIR UN AMI PLEURER

 

D                                              Bm
Bien sûr, il y a les guerres d'Irlande
D                                      G9, G9/F#
et les peuplades sans musique.
Em                                         A
Bien sûr, tout ce manque de tendre.
                              D
Il n'y a plus d'Amérique.

Bien sûr, l'argent n'a pas d'odeur
mais pas d'odeur me monte au nez.
Bien sûr, on marche sur les fleurs
mais, mais voir un ami pleurer.

Bien sûr, il y a nos défaites
et puis la mort qui est tout au bout.
Le corps incline déjà la tête,
étonné d'être encore debout.

Bien sûr, les femmes infidèles
et les oiseaux assassinés.
Bien sûr, nos coeurs perdent de leurs ailes
mais, mais voir un ami pleurer.

Bien sûr, ces villes épuisées
par ces enfants de cinquante ans.
Notre impuissance à les aider
                                                  F#
et nos amours qui ont mal aux dents.

Bien sûr, le temps qui va trop vite.
Ces métros remplis de noyés.
La vérité qui nous évite.
Mais, mais voir un ami pleurer.

Bien sûr, nos miroirs sont intègres.
Ni le courage d'être juif
ni l'élégance d'être nègre.
On se croit mèche, on est que suif.

Et tous ces hommes qui sont nos frères
tellement qu'on n'est plus étonné
que par amour ils nous lassèrent.
Mais, mais voir un ami pleurer.

 

JACQUES BREL